Humeurs - Râlages et opinions diverses...

Claire et concise, elle est illustrée d'exemples (autant que nécessaire) et de schémas informatifs. Elle précise tout ce qui est attendu sans jamais se contredire. Chaque information y est indiquée une (et une seule) fois, et peut être retrouvée très facilement via l'organisation logique du document et le sommaire clair. Les mentions TBD et TODO en sont absentes. Cerise sur le sundae : elle a même une table d'acronymes grâce à laquelle il devient évident que la phrase Le PTDR ne peut pas être XPT à cause du DDIC n'est ni une faute de frappe ni une private joke. La spéc exhaustive a, de plus, le bon goût d'être à jour par rapport à l'état de la technique et ce que veut réellement le client.

• son principal (et seul) mérite est sa brièveté
• pour le reste, il faut deviner ou entrer dans un ping-pong de l'enfer avec le demandeur et lui tirer les vers du nez pour avoir une idée de ce qu'il attend de nous —tout en l'écoutant se plaindre de notre manque d'autonomie
• rencontrée en moyenne dans UN projet sur UN.

variante : la spéc "OCB"

Ce type de spécification connaît de nombreuses variantes. Ce qui les caractérise est une succession de micro-suspenses, permettant, à chaque itération de "gagner" une nouvelle information permettant au lecteur de faire le travail demandé dans ladite spéc.

• Bien que la spéc "en chapelet" valorise le client (puisque sans lui rien n'avance), au-delà d'un certain nombre d'aller-retours, il s'impatiente de nos questions incessantes, et met en doute notre compétence (le stress est un facteur de productivité chez les dévs, tout le monde sait ça !)
• De même que la gravité cause la chute de pommes sur la tête de scientifiques Britanniques, la spéc "en chapelet" cause l'enlisement de la tâche qu'elle décrit et l'explosion du délai de production (mais pas le décalage de la date de livraison).

la spéc "en chapelet" typée ping-pong

la spéc "en chapelet" façon petit Poucet

la spéc "en chapelet" insert coin

la spéc "en chapelet" variante boule de neige

la spéc "en chapelet" aux amEnd

Tranche de vie en ESN : Comment ça, y'a pas de spéc ? M'enfin, le café que je t'ai offert il y a 3 semaines pour parler du projet, c'était ça, la spéc ! Je pensais avoir été clair... Donc, si je comprends bien, t'as rien noté ? Put**n, t'es vraiment un boulet !!!

• Ce type de spéc ouvre droit aux sévices décrits plus haut (l'indulgence du jury est garantie si —en plus— le café était dégueulasse)
• Dans tous les cas, plutôt que de risquer des complications administratives de type "prison", n'oubliez pas que les paroles s'envolent et que la spéc orale est comme la cuiller dans Matrix (elle n'existe pas !).
  • Pas plus que la demande ou le ticket décrivant la tâche à réaliser puisque c'est là que devrait se trouver la spéc.
  • Pas de date de début à ce point non plus, donc les compteurs de délai et de ce-sera-en-prod-quand-? restent bloqués à zéro.
  Nous vous conseillons donc une attitude passive-non-violente à base de C'est vous qui voyez !.

C'est de loin, le type de réunion le plus courant :

• exactement le genre où un orateur unique partage des infos aux participants
  • et qui pourrait donc facilement être remplacée par un mail synthétique
  • ladite synthèse étant le Powerpoint présenté
    • l'orateur a donc effectivement bien fait ses devoirs
    • avec un effort moindre, il aurait aussi bien pu rédiger un mail structuré (titres + sous-titres + listes à puces) pour un effet identique
    on en déduit que faire perdre du temps aux participants fait partie du "plaisir"
• tu n'y apportes rien, tu ne fais qu'écouter
  • ton chef t'a dit de venir alors tu es venu (tu as cessé de lutter), mais tu ne sais pas trop ce que tu fous là
  • parfois, tu travailles sur autre chose en même temps, avec la réunion en bruit de fond (plutôt que la musique qui t'aide habituellement à mieux te concentrer)

cadeau-bonus : il n'est pas exclu qu'on te reproche de ne pas avancer sur tes tâches alors que tu passes entre ¼ et ⅓ de ton temps de travail en réunion

• enculage de mouches / peignage de girafe / branlage de mammouth
• expression entendue en sortant de réunion alors que j'étais presta dans une grande entreprise publique française

• tous les participants sont actifs et pertinents
• les idées fusent (dont quelques bonnes)
• et la réunion aurait presque pu être productive si on avait
  • respecté l'ordre du jour (pour moins s'éparpiller)
  • pris des notes (pour ne pas perdre lesdites idées)

Au final, on se rend compte qu'on a discuté tous ensemble de plein de choses intéressantes, mais on s'est tellement éparpillés qu'on n'a pris de décision sur rien. Donc il faudra en re-discuter lors d'une prochaine réunion (à programmer).

Un autre grand classique, où on s'aperçoit après 10 minutes qu'on a besoin

• d'une info capitale que personne n'a
• de l'avis d'un expert qui n'a pas été invité à la réunion

et on conclut qu'il faut organiser une nouvelle réunion.

réunion où des français parlent anglais

C'est le serpent qui se mord la queue : lors d'une réunion, des gens s'excusent de devoir la quitter pour aller dans une autre réunion

• ont-ils dû dire ça pour participer à la réunion actuelle ?
• vont-ils devoir aussi quitter cette prochaine réunion pour la même raison ?

... suspense !

C'est une réunion, généralement récurrente et prévue pour une heure, qui, cette fois-ci, se termine en 45 minutes (typique des réunions BUAM)

• et que ton chef conclut en rigolant : Je viens de vous faire gagner 15 minutes !
• ... alors qu'en réalité, tu viens d'en perdre 45

On t'a confié une tâche via le canal habituel (outil de gestion de tickets, spéc par mail, ping-pong, machine à café, ), et ce n'est pas très très clair. Alors on organise une réunion de cadrage afin de t'expliquer (jeune imbécile) ce qu'on attend de toi. Tu vas y apprendre :

• le contexte de la demande et les informations de base
  • qui auraient dû être dans la spéc
  • qui sont indispensables pour commencer à travailler (comprendre : sans ces infos, il était impossible de produire quoi que ce soit)
• que le demandeur
  • avait ces infos depuis des semaines / mois
  • et que (pour une raison qui lui appartient) il n'a pas jugé utile de te les communiquer plus tôt
  • mais s'il l'avait fait, sa demande (pourrie) aurait pu ressembler à un brouillon de spéc et on n'aurait pas eu besoin de cette réunion
    traduction : la principale cause des réunions de cadrage est l'écriture de spécs au lance-pierres

cadeau-bonus : à l'issue de cette réunion indispensable, on te fait comprendre que le temps écoulé entre la demande initiale et le jour de la réunion (où tu sais enfin ce qu'on attend de toi) compte comme du temps de travail effectif sur le sujet

Ce sont des réunions dont le sujet est une autre réunion :

• la réunion de préparation de réunion :
  • c'est pas forcément déconnant de se mettre au diapason avant une réunion importante histoire d'être efficace. Surtout si la réunion a lieu entre 2 entités qui se croisent peu ou pas (2 services distincts, 2 entreprises, ...)
  • mais si la réunion de préparation de réunion accueille TOUS les participants de la réunion à préparer, quel est l'intérêt ?
• la réunion de créneau de réunion : tout le monde a tellement de réunions que le prochain créneau commun dispo est dans 6 mois. Sauf si on décale certaines réunions, ce qui est généralement possible puisque ce sont les mêmes personnes qui participent aux mêmes réunions. Il suffit donc qu'elles se réunissent pour discuter dans quand elles pourront se réunir.
• la réunion de debrief :
  • va généralement de pair avec la la réunion de préparation de réunion
  • même remarque/interrogation sur l'intérêt de la faire avec l'effectif au complet
  • sert parfois de prolongation à la "vraie" réunion
• la réunion de décision de réunion (drame vécu) :
  • contexte :
    • dans certaines équipes, les (mauvaises) méthodes de travail font que, au lieu de documenter au fur et à mesure ce qu'on fait (par exemple dans les tickets, avec un mail récapitulatif, avec des messages de commit explicatifs / des releases notes, ou une doc / un schéma) on a pris l'habitude de faire un point hebdo pour s'expliquer ce qu'on a fait et ce qu'on va faire. Ça entretient le flou artistique, et ça donne l'impression d'être ISO-machin-chose mais aussi très très Agile. Et (cadeau-bonus) un ensemble de mauvaises pratiques est perçu comme quelque chose de positif .
    • ce type de fonctionnement étant généralisé, il y a de multiples points hebdos pour se tenir au courant en interne entre services
    • il arrive alors qu'un nouveau cas de point hebdo potentiel se présente
  • quoi de mieux qu'une réunion pour discuter de la pertinence de la tenue d'une nouvelle réunion récurrente ?
  • le pire, c'est que la réunion de décision de réunion finit par dériver vers le sujet de la réunion à organiser au lieu de se focaliser sur la décision à prendre : pertinence ? créneau ? durée ? fréquence ?
  • on arrive alors vite au bout des 30 minutes allouées en concluant... qu'il faudrait organiser une autre réunion pour en parler

• maintenant que c'est devenu hyper pratique avec Teams, on enregistre les réunions pour
  • les absents
  • ceux qui devront partir avant la fin parce qu'ils ont une autre réunion
  • se donner bonne conscience de ne prendre aucune note et ne pas faire de compte-rendu
• en plus, avec les outils d'IA, on peut même retranscrire la réunion pour aller chercher une info précise à coup de Ctrl-f dans le texte, ce qui
  • au final, est aussi long que de réécouter l'intégralité de la réunion
  • coûte 1GWh et 10GB de stockage

• celle où le présentateur n'a pas passé Powerpoint en mode Présentation et où
  • la diapo fait le quart de l'écran
  • il doit scroller péniblement vers la diapo suivante (au lieu d'un simple clic)